vendredi 10 février 2012

Watchmen

   Je sais, ça fait un moment que je n'ai rien posté, et je continue joyeusement de traîner ma flemme. Mais enfin, voici une petite chronique qui moisit sur mon disque dur depuis un bon mois, et que j'ai enfin réussi à me botter les fesses pour finir. Pour vous, aujourd'hui : Watchmen.


   Adapté du roman graphique d'Alan Moore et Dave Gibbons, publié en 1986-87 par DC Comics, il a été réalisé par Zack Snyder, qui a également réalisé le remake de Dawn of the Dead et 300 et est sorti en 2009. Donc, c'est pas la moitié d'un manche. Ca part bien. Et en plus, il est entouré de bons gens.

   Les bons gens :

- Malin Ackerman (27 robes que j'ai pas vu, et puis le reste, je l'ai pas vu) est Laurie Jupiter, le Spectre Soyeux II. Elle a pris la suite de sa mère quand celle-ci a pris sa retraite, et elle vit avec le Dr Manhattan. Elle s'ennuie un peu dans sa vie de non-super-héroïne mariée à un surhomme, et elle aimerait bien que les choses se bougent. Question à une pièce bleue de Mario : les choses vont-elles se bouger ?

La minute fanservice latex jaune et explosions vous est offerte 
par Malin Ackerman (comme ça c'est fait).

- Billy Crudup (Mission Impossible III, le père dans Stardust et le fiston dans Big Fish) est le Dr Manhattan. Il est grand. Il est bleu. Il a des yeux blancs. Il se balade à poil. Et il a plein de super-pouvoirs. Genre à côté, Superman est Wonder-Traverse-la-Rue ((c) auteurs de Sentaï School). Il s'en sert pour le Bien Collectif, tout en se détachant joyeusement de l'humanité comme ça arrive à tous les super-héros ou presque.

- Patrick Wilson (l'agent Lynch dans L'Agence tous risques, le vicomte de Chably dans le Fantôme de l'Opéra version récente) est Daniel Dreiberg, alias Nite Owl II, le Hibou en français. Il a pris la suite du premier Hibou, mais comme les autres, il a dû raccrocher son costume en caoutchouc moulant et ses lunettes magiques au clou. Et du coup, tout ce qu'il a à faire, c'est squatter chez Hibou I et se faire embêter par...

- Jackie Earle Haley (Freddy Krueger dans le remake de Nightmare on Elm Street, George Noyce dans Shutter Island, et Maniac Cop 3 pour le fun) est Rorshach. Rory, pour les amis, mais il en a pas. Un justicier masqué bien particulier, qui ne suit que sa moralité. Tout est noir, tout est blanc. Jamais de compromis, même face à l'Apocalypse. En bref, un joyeux drille. (Et je suis in love with ses yeux).

 Même sa photo est en noir et blanc, c'est dire.
(Il fait peur, hein ?)

- Matthew Goode (que j'ai vu strictement nulle part, parce que j'ai pas vu Donne-moi ta main) est Adrian Veidt, alias Ozymandias. Ozymandias, il est trop intelligent, d'abord. Et trop beau gosse. Même que contrairement aux autres, il est riche et connu, et tout le monde l'aime, et il a une ligne de jouets à son effigie. Ozy, c'est le super-héros qui présente bien.

- Jeffrey Dean Morgan (John Winchester dans Supernatural !) est le Comédien / Edward Blake. Lui, c'est un con. Pour un peu, je dirais que c'est un super-héros beauf. Mais comme il est cool et qu'il a un cigarillo pourrave (et un gros flingue), on lui pardonne. D'ailleurs, on a pas le choix. Tout ça, c'est une foutue blague.

- Carla Gugino (Rebecca dans la Nuit au Musée, Lucille-le-psy dans Sin City, Ingrid Cortez dans Spy Kids 1, 2 et 3) est le premier Spectre Soyeux. Comme les autres anciens super-héros, elle s'est retrouvée à la retraite dans un coin pourri, et elle passe son temps à revivre les années de sa splendeur passée en buvant plus que de raison.

 Et puis voilà tout le casting, sans costumes : Jackie Earle Haley, Malin Ackerman, Jeffrey Dean Morgan, Zack Snyder, Matthew Goode, Carla Gugino, Billy Crudup et Patrick Wilson qui est définitivement le plus grand et le plus fort.

   L'ennui avec autant de personnages formidables, c'est que le point de vue change souvent, et que le résumé qui s'ensuit risque d'être un peu décousu. M'enfin hein, on va s'en sortir.

   Le résumé décousu :

   Dans une Amérique parallèle à la nôtre, des héros masqués ont modifié l'histoire. Les Etats-Unis ont gagné la guerre du Vietnam, ils sont quasiment en guerre avec la Russie, Nixon est encore président en 1985, les héros masqués sont hors-la-loi. Dans ce contexte, un comédien est mort à New York. Dans une scène d'action bien brutale qui voit deux individus se jeter mutuellement contre les murs et autres joyeusetés. Seul témoin du drame, un badge smiley orné d'une tache de sang. Générique.

 Ye olde Watchmen.

   Malgré la loi anti-masques, l'un d'eux est encore dans la course : Rory le justicier au masque mouvant. Bien décidé à trouver qui a dessoudé le Comédien, il entreprend de mener son enquête à sa manière : brutale et sans pitié. Très vite, il se rend compte qu'il y a anguille sous roche : quelqu'un ne serait-il pas en train de se faire un tableau de chasse de super-héros ?

   De son côté, Hibou II, comme à son habitude, rend visite à Hibou I pour l'entendre raconter ses histoires de "Quand j'étais jeune (et masqué)". A peine de retour chez lui, il se rend compte qu'un intrus est entré chez lui et a fait un raid dans ses placards. Et ce n'est autre que.............. RORSCHACH !! (ménageons un peu de suspense). Rory tente de faire comprendre à Dan qu'il est sur la liste noire, sans grande réussite, même si le Hibou prend quand même la peine de prévenir Adrian Veidt, qui trouve ça plutôt drôle. Les essais du psychopathe masqué auprès de Mme Manhattan-Jupiter et le Dr Manhattan ne rencontrent que peu de succès, surtout que comme il est trop puissant, le bon docteur voit le futur et qu'il n'en a pas trop à faire des théories conspirationnistes de Rorschach.

Monsieur Propre est un Jedi (et tout va bien).

   Cimetière, plan d'ensemble, musique triste, jour. Enterrement du Comédien sous la pluie, ce qui est prétexte à une bonne série de flash-backs que je ne décris pas pour ne pas ennuyer le lecteur qui doit être en train de massacrer sa molette de souris à la recherche d'une photo de fanservice. Une visite impromptue, celle d'un ancien ennemi, met la puce à l'oreille de Rorschach, et il prend sur lui de réaliser un nouvel interrogatoire avec sa délicatesse coutumière, ce qui lui permet d'apprendre que le Comédien en savait beaucoup sur un sujet dangereux.

   Pendant que Rory tente de se sortir d'un passage narratif épineux, Laurie décide que le Dr Manhattan abuse trop, et elle part rejoindre le Hibou. Tout de suite après, il apprend en direct qu'il serait dangereusement radioactif, dangereux tout court, et que les humains sont des cons. Et comme Mars, c'est mieux, il va construire des jolis trucs sur Mars. Plus de Dr Manhattan, le seul qui se doute qu'il se trame quelque chose en prison, les hommes masqués sont bien mal partis. Réussiront-ils à sauver le monde avant de finir en chair à pâtée ?

   (Oui, ce résumé est pourrave, mais ça fait quand même un mois qu'il traîne sur mon ordi, alors hein...)

 Pour me faire pardonner, voilà une photo du Hibou. Qu'il est beau.

   Petits détails :

   Image : disons-le tout de suite (comme ça c'est fait), Zack Snyder connaît son boulot. C'est bien filmé, même les scènes de combat qui restent claires (mais mes souvenirs de grand écran étant flous, je me gourrave peut-être. Mais probablement pas). Contrairement à d'autres films de super-héros, les couleurs ne sont pas outrées, tape-à-l'oeil comme Kick-Ass ou Superman, et tout reste sombre, sinistre, collant parfaitement à la narration. Une comparaison entre le roman graphique et certains plans montrent qu'ils sont identiques au poil près. Et ça, plutôt cool, non ?

 Et qu'est-ce qu'une jolie fille comme vous fait dans une prison pareille ?

   Musique : la bande originale a été composée par Tyler Bates, qui a aussi fait celles de Conan Reloaded (2011), SuckerPunch, Day of the Dead, Le jour où la Terre s'arrêta (le remake), 300 et quelques autres. Sympathique, dynamique, collant bien à l'action. Sa grande force vient de l'utilisation de diverses chansons avec brio : 99 Luftballons (Nena), All along the Watchtower (Jimi Hendrix), Hallelujah (Leonard Cohen) et Sound of Silence (Simon & Garfunkel), ainsi que The times they are a-changin' (Bob Dylan) pour le générique, et la fantabuleuse et très OVNI Pruit, Igoe and propheties de Philip Glass. Dans son ensemble, cette BO est vraiment exceptionnelle, et m'avait laissé une très forte impression la première fois que j'avais vu ce film. (Bonus musicaux en option et à la fin)

   Interprétation : on peut dire des acteurs choisis qu'ils sont "moins connus", ce ne sont pas des têtes d'affiches (ou alors je ne connais pas les affiches en question), mais certainement pas que ce sont des manches. On parle cadors, là. Bons acteurs, bien dans leurs rôles. Leur ressemblance avec les personnages du roman graphique est assez impressionnante, et l'interprétation suit. Particulièrement pour Jackie Earle Haley, qui campe un Rorschach tout à fait psychopathe et effrayant. Et puis bon, hein, louanges, louanges, et je coupe court parce que j'ai faim et ça me coupe les idées.

 Pas de jaloux, la minute fanservice lance-flammes et guerre du Vietnam 
vous est offerte par Jeffrey Dean Morgan (quelle classe).

   Analyse (maintenant que j'ai mangé) :

   Vous avez du bol : j'ai lu Watchmen. Enfin, on m'a prêté Watchmen et j'ai regardé la couverture en me disant que je devais le lire. Heureusement, je connais quelqu'un qui a lu Watchmen. Qui me décrit ce film comme une adaptation très fidèle du comic. ET ce que j'en dis, quand la fidélité du film en vient à copier dans certains plans, c'est de la bonne fidélité d'adaptation. Les acteurs ont été choisis pour leur ressemblance avec les personnages, outre leur talent d'acteur, bien sûr, et leur dépiction dans le film est vraiment fidèle à celle du comic.

   Que dire, sinon, sur Watchmen ? On n'a pas affaire à un film comme Marvel. Ceci dit, les comics Vertigo ont tendance à être plus noirs que ces films, donc c'est pas étonnant. Point de couleurs vives, point de super-héros bourrés de pouvoirs. Des individus normaux, qui font régner la justice et luttent contre d'autres personnes normales qui font régner la terreur. Pas de couleurs vives dans l'ensemble, une ville pourrie, on est dans le sombre, une atmosphère qui me fait penser aux Batman de Chris Nolan (j'ai paaaas lu les comics, et j'avais vu les Batman avant, alors hein) ou à la ville dans Sin City. De mon point de vue, ce film s'oppose également à des Superman et des Spiderman en ce que la violence utilisée par les héros n'est pas glamourifiée, montrée comme belle et bonne parce qu'elle s'applique toujours aux méchants, les "gentils" ne sont pas grands, beaux, au sourire éblouissant, ils ne sont pas du côté lumineux. Ce sont tous des pourris, des brutes, et la violence est dégueulasse pour tout le monde. Pensez Clint et ses potes dans un Sergio Leone. Tout est bon pour atteindre leur but.

 Et voilà le pire salaud ! Selon les immortels mots d'Ash (voir Evil Dead) : 
c'est américain, donc c'est bien !

   J'ai beaucoup apprécié ce film, non seulement en raison de ce point de vue qui tranche par rapport à ce que j'ai l'habitude de voir, mais également, pour sa structure narrative plus complexe. Flashbacks étendus, retours en arrière, fragments dans le désordre. Le générique sur une chanson de Dylan, composés de quasi-plans fixes racontant l'histoire des premiers Watchmen, m'a mise sous le charme dès le début. Pour le reste, la mise en scène est excellente, les acteurs sont très doués, la musique est prenante. Ces différents éléments pourraient se marcher sur les pieds ; on a vu des films avec de bons acteurs se planter parce que les rôles n'étaient pas les bons, une bonne BO détonner avec les images qu'elles accompagnent, mais non. Tout s'emboîte comme un joli puzzle, pour donner un film vraiment hors normes.

   Je recommande ce film à absolument tout le monde. C'est une bonne claque dans la tronche, un film d'action / suspense / super-héros / etc... vraiment bon, une adaptation de qualité. N'hésitez pas à le voir, le revoir, le re-revoir, pour profiter de tout ce que vous aurez pu rater la première fois.

   Note : 19/20

 La planète Mars approuve cette chronique (c'est la gloire).






2 commentaires:

Mando a dit…

Laurie est *MARIEE* à Manhattan ? L'un de nous doit avoir regardé le mauvais film.

Aelle Farben a dit…

Bah déjà pour répondre à Mando, à une certaine époque, le mariage était conclu quand deux personnes faisaient des choses olé-olé ensemble... Donc dans ce cas, Laurie est mariée au docteur Manhattan. Mais aussi à Hibou II ensuite (bref, passons).

Mon avis rejoindrait le tien Wilwy, s'il n'y avait pas la scène "cahier des charges" quoique, que dire ? Elle est aussi présente dans le roman graphique !
Et un peu trop de violence gratuite à mon goût. Mais bon, le mal, c'est le bien et blablabla...

Oui, vraiment une bonne interprétation, de bonnes images, des effets visuels époustouflant (comme dans 300 et SuckerPunch du même gars je crois) et une BO... OMG, une BO !!!

Voilà, je lui aurais mis 17/20 pour cause de scène "cahier des charges" très ennuyante et qui coupe toute l'action (mais reprise du bouquin) et trop de violence.

Sur ce, je m'en vais rêver sur cette magnifique BO...

Neun und Neunsich Lufftballon...