mercredi 29 février 2012

Batman

   Bon sang, voilà-t-y pas qu'on me fait des requêtes de chroniques ! Et comme il s'agit de séries de films à grand spectacle, et que j'ai pas trop envie de saoûler le chaland, j'alternerai avec d'autres chroniques. Commençons donc par la plus longue des séries demandées, les films de Batman. Et comme je suis une flemme et que j'ai jamais vu le fabuleux film avec Adam West et des boulets avec des mèches, on va commencer par le premier Batman (moderne) (qui malheureusement a un titre assez peu clair). Donc... TADADADADADADADADADA BATMAAAAAAAN !


   Penchons-nous donc sur la version de 1989 de Batman. Adapté du comic du même nom, créé par Bob Kane et Bill Finger dans Detective Comics #27 en 1939 (merci wikipedia), et mettant en scène un riche play-boy sans super-pouvoirs mais au compte en banque bien rempli, qui la nuit enfile le costume du Chevalier Noir pour aller combattre le crime dans les rues mal famées de Gotham City, ce film, réalisé par l'excellent Tim "un peigne ? c'est quoi ?" Burton, met en scène le guerrier de la nuit aux prises avec l'un de ses ennemis les plus célèbres : le Joker !
(Je tente de battre mon record de la phrase la plus longue, on dirait.)

   Les gens sous les masques :

- Michael Keaton (le capitaine Gene dans Very Bad Cops, le héros de White Noise (qui m'a ennuyée au-delà du possible), Ray dans Jackie Brown, Beetlejuice dans le film du même nom) a l'insigne honneur d'enfiler le costume en PVC moulant, la cagoule à oreilles pointues et le carnet de chèques bien rempli du play-boy superficiel qui se transforme en chauve-souris chasseuse de rats à la tombée de la nuit.

Tim Burton en expression capillaire particulière, et Michael Keaton le play-boy

- Jack Nicholson (George dans Easy Rider, le héros de Vol au-dessus d'un nid de coucous, Jack Torrance dans Shining, le président de Mars Attack, le caïd de la mafia irlandaise dans Les inflitrés, Harry dans Tout peut arriver (qui était trop bien) et Jack Torrance dans Shining (je subis des pressions énormes)) arrive avec sa classe internationnale et ses trois Oscars, et se glisse dans la peau (blanche) (avec cheveux verts) de l'horrible Joker.

- Kim Bassinger (qui était dans Cellular, The Sentinel, 8 Mile, L.A. Confidential, Wayne's World 2, 9 semaines 1/2) est Vicky Veil, une photographe de talent qui accroche l'oeil du richissime Bruce Wayne, mais également (et malheureusement), celui du Joker. Elle remplit le créneau "quota féminin". Et j'aime pas cette actrice, alors il me sera difficile de rester impartiale, mais je vais faire mon possible.

- Michael Gough (le notaire dans Sleepy Hollow, Arthur dans le Dracula de 1958 (avec Christopher Lee et Peter Cushing), les voix d'Elder Gutknecht dans Les noces funèbres et du Dodo dans Alice au pays des Merveilles, et une liste de films d'horreur longue comme le bras) est Alfred Pennyworth, le bon majordome dévoué de la famille Wayne, qui supporte les frasques de son maître avec une dignité toute anglaise de fidèle majordome.

 Yo, couz, bien ou bien ?

- Jack Palance (que je n'ai vu que là-dedans et dans un autre film dont je ne dirai pas qu'il s'agit de Tango et Cash, et qui a eu derrière lui une carrière très fructueuse dans le méchant sans scrupules et autres (et le nanar)) nous fait la grâce d'apparaître (très peu) en Carl Grissom, le méchant chef de la pègre gothamienne et chef de Jack Napier.

 Ca, c'est d'la classe, les p'tits loups. Prenez-en de la graine. (Ce Jack Palance, quel homme !)

- Robert Wuhl (que je n'ai jamais vu ailleurs et qui a joué dans beaucoup de films TV) est Alex Knox, un reporter collègue de Vicky Veil, qui aimerait bien sortir le scoop du siècle sur les chauve-souris en PVC.

- Pat Hingle (qui était dans Shaft, dans Mort ou Vif, et qui narrait Le petit dinosaure et la vallée des merveilles) interprète le commissaire Gordon, une étincelle de probité dans une ville noyée par le stupre, la corruption et la lenteur administrative. Un seul espoir... se faire aider par l'homme chauve-souris.

- Billy Dee Williams (l'inoubliable Lando Calrissian de Star Wars, et le juge Reynolds dans Fanboys) est Harvey Dent, le procureur, l'autre écueil d'honnêteté dans cette mer de voyous. Retenez ce nom, il aura une certaine importance dans quelques temps.

 Directement des cauchemars de Tim Burton aux vôtres. Je suis sadique.

   Le résumé :

   Flash-back. Alors qu'il est de sortie avec ses parents, le jeune Bruce Wayne voit papa et maman Wayne se faire assassiner par un vil voleur (sans vélo), et jure d'un poing vengeur levé vers le ciel de consacrer sa vie et son important chéquier à la lutte contre le crime.

   Arrivée au présent, et visiblement, les plans de Bruce ne sont pas au mieux. De pauvres touristes perdus se font agresser par un agent du Mal dans une ruelle sombre, mais une intervention judicieuse de la Chauve-Souris leur évite de passer de vie à trépas, et il disparaît dans la nuit telle une ombre.

 Un petit coup de Batsuit 1989 en plastique moulant. Si tu polishes ton costume, il brille !

   On apprend très vite que Gotham est loin d'être le nouveau jardin d'Eden, et que toute la ville est sous la coupe de Carl Grissom, alias le Parrain, et seuls deux individus s'opposent ouvertement à la corruption et au Mal sous toutes ses formes. Heureusement pour eux, ils sont secondés par le justicier sombre de la nuit à la cape, qui capture méchants et voleurs pour les livrer à la police, ficelés comme des rôtis.

   Les agissements d'un super-héros, même dans une ville aussi dévoyée que Gotham, ne manque pas d'intriguer les journalistes, qui aimeraient bien savoir qui se cache sous le masque (échangez ici un regard entendu avec votre voisin). Nos deux vaillants reporters, Alex Know et Vicky Veil, se lancent sur la trace du Chevalier Noir.

   Par un heureux concours de circonstances, les deux se retrouvent au manoir Wayne, où Bruce fait immédiatement preuve du charme que lui donne son gros compte en banque, et emballe la photographe en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "milliards de dollars".

 Tu veux voir... mon gros chéquier ?

   De son côté, Carl Grissom trouve que son homme de main Jack Napier prend un peu trop ses aises. Il l'envoie donc faire le ménage dans une usine de produits chimiques. Où bien sûr, la police et Batman l'attendent de pied ferme. S'ensuit une courte et intense scène d'action, et Napier finit à la baille, dans une barrique de produits chimiques dangereux laissés comme par hasard à l'air libre (c'est logique).

   Les effets ne tardent pas à se faire sentir. Définitivement défiguré, Jack Napier pète le dernier plomb vaguement intact qui lui restait dans une scène qui figure dans les annales du rire de psychopathe, tue son boss, et décide de se venger de Batman. Dans la joie et la bonne humeur, il entreprend de terroriser la population de Gotham tout en chassant la chauve-souris et la souris, puisqu'il tombe sous le charme de Vicky dans le même temps. Du Joker ou de Batman, qui gagnera ? Avec qui finira Vicky ? Vais-je cesser de poser des questions rhétoriques à deux sous ?

   (Il est à noter que le flash-back n'arrive pas au début, mais je ne sais pourquoi, absolument tous les résumés en font part, alors moi aussi, ne brisons pas la tradition, et pis je fais c'que j'veux !)

 C'est moi, Laurel, c'est toi Hardy
C'est moi, le gros, c'est toi le p'tit !

   Les détails :

   Image : S'agissant d'un Tim Burton, on a le choix entre deux modes : soit le mode "la couleur c'est trop has been" comme dans Sleepy Hollow et Sweeney Todd, soit "je viens de découvrir le technicolor et c'est trop cool" façon Beetlejuice. Dans ce cas-là, on est dans l'optique colorée, avec un petit côté gothique burtonesque qui, dans mon esprit, colle assez bien à la Gotham pourrie. Les maquillages (surtout un certain maquillage blanc) sont réussis, l'esthétique certes osée de certains décors et costumes est juste assez outrée, bref, visuellement, c'est une bonne oeuvre, qui rafla d'ailleurs l'Oscar de la direction artistique, cette année-là.
   Et comment c'est filmé ? Les gens, si je suis fan de Tim Burton, c'est pas pour sa coupe de cheveux qui le rapproche de Dieu (règle de Cloud). Ce gars-là filme correctement, et le fait que le film soit sorti avant la nouvelle vague cinématographique (dite vague épileptique) qui a ravagé Hollywood implique que vos mirettes ne souffriront pas (trop) de cette débauche de couleurs filmée de manière plus que correcte.

 Intéressant, ce nouveau bat-gadget...

   Musique : le responsable, c'est le complice du bon Timmy dans quasiment tous les bons coups, Danny Elfman. Qui a déjà signé nombre de BOs, de musiques de séries, de génériques, parmi lesquels celles des films de Tim (L'Etrange Noël, les Noces Funèbres, Beetlejuice, etc...), les Simpsons, les Contes de la Crypte, les deux Gremlins, et c'est tout ce qui me vient à l'esprit, mais l'Homme-Elfe est un compositeur prolifique. Et qu'est-ce qu'il en ressort, de cette BO ? Elle frappe au coin du thème accrocheur celui de Batman qui sera utilisé pour les prochains films, avec son rythme frénétique et super-héros-tique (ce qui ne veut rien dire, mais je suis un peu à court, là). Les autres thèmes ne se laissent pas démonter non plus, et dans l'ensemble, comme à peu près tout ce que Danny a fait, c'est du beau et du lourd !

   Interprétation : j'aime bien Michael Keaton, même s'il n'a pas vraiment la tronche de play-boy milliardaire tel qu'on se le représente (mais quand on a des milliards, ça aide). En Bruce Wayne, il s'en sort, posant les bases d'une interprétation du rôle qui sera sévèrement mis à mal par la suite (je ne louche pas du tout vers Batman 4). Une bonne performance. Kim Bassinger n'a pas un rôle très gratifiant, puisqu'elle est principalement "la fille que se disputent le héros et le méchant" pour rajouter une couche de romance. Et puis bon, je ne l'aime pas, mais ce n'est pas mal, dans l'ensemble. Je passerai rapidement sur les autres, qui s'en sortent plus ou moins bien, pour arriver à mes préférés (parce que je ne suis qu'une harpie partiale, tout le monde sait ça) : Michael Gough, et son air de majordome anglais digne, prêt à tout, dévoué et délicieusement affable. L'Anglais parfait, sorti de la Royal University of Butlers of United Kingdom (ça tombe bien, il est anglais). Et bien sûr... Jack Nicholson. Qui ajoute à sa longue liste de secoués de la cafetière un rôle particulièrement gratiné. Sérieusement, rien que pour sa prestation, ça vaut le détour. Et il ne s'en prive pas pour en faire des méga-caisses. Ah, et puis il y a Jack Palance, et il est cool.

 Trois Jack pour le prix de deux !

   Le point-critique :

   Autant répéter tout de suite ce que je dis à chaque fois, je n'ai pas lu le comic. En même temps, vu la quantité qu'il y a... Heureusement pour ma fiole, j'ai un brave référent (qui souhaite être appelé "le Commandeur des Croyants" et "l'Empereur de la Lune") (je vis avec des gens bizarres) qui va s'exprimer pour moi. La différence entre ce premier Batman récent, et disons The Dark Knight pris au pif, c'est qu'ils ne s'appuient pas sur la même oeuvre. Comme beaucoup de comics, il y a un demi-zillion de versions, et faire la comparaison s'avère un brin difficile. Cependant, Batman est un comic plus noir que d'autres (comme X-Men) et la version de Tim Burton, quand bien même elle colle à l'univers, se montre trop "tous publics" au niveau des personnages. Fin de citation.

 Le maître et la créature ! (Michael Keaton et Bob Kane le créateur de Batman)

   Maintenant que la comparaison avec l'oeuvre est derrière nous, penchons-nous sur les diverses versions existantes. Comme de toute façon, les autres passeront également sur la table de dissection, comparons avec ce qui se faisait avant. Ce qui se faisait avant, c'est le Batman avec Adam West, qui était également le justicier chauve-souris en collant dans la série télé du même nom. Je me contenterai de laisser un gif qui parle de lui-même. Quant à Batman contre Dracula, vous ne voulez pas le voir.

 No comment.

   Ce premier Batman a eu l'insigne honneur de poser quelque peu les bases sur lesquelles ont reposé les films suivants de Batman. Michael Gough et Pat Hingle reprendrons leurs rôles respectifs jusqu'à Batman 4, les trois films suivants seront un peu cartoon (le côté gothique se perdra quand Tim passera la main), le thème de Batman, ce genre de choses. La patte du réalisateur se fait sentir, il faut bien dire que Tim a un style bien à lui, qui reste très difficile à imiter par les réalisateurs qui viendront prendre sa suite, sur lequel il colle des éléments icôniques d'un comic très connu, ce qui donne à cette adaptation de comic un aspect tout à fait unique et décalé. Ce n'est ni du Burton pur sucre, ni du Batman pur beurre, c'est une sorte de mélange ni gras ni sucré, qui prend heureusement le plus sympathique des deux.

   Alors qu'en résulte-t-il, de ce film ? Malgré le fait qu'il s'agisse d'une adaptation saccharine de Batman, c'est tout de même un Tim Burton, et même un bon Burton. Acteurs allant du bon à l'excellent, musique entraînante, décors, costumes et tout le reste juste assez excentriques, tout en collant tout de même à l'univers de base, et cette patte burtonesque qui ajoute le grain de folie (un gros grain blanc et vert) qu'on retrouve dans la majeure partie de ses travaux. Batman 1, c'est un bon film de super-héros. C'est sombre mais pas trop, c'est savoureux, c'est juste assez léger pour passer sans donner de cauchemars, ça laisse un agréable goût dans la bouche, ça donne envie de s'en resservir une part, et si je pouvais arrêter le vocabulaire de la bouffe en parlant de films, ça m'arrangerait.


   Recommandé à tout le monde : les amateurs d'hommes en collants et slip de PVC, les fans de Jack Nicholson et des autres, les membres du fan-club de Tim Burton et les autres, les copains des films de super-héros, ceux qui veulent du film fantastique, du film d'action et du film cool, en entrée ou en dessert, ou pour commencer un marathon Bêtman.

   Note : 16/20

Cette chronique est respectueusement dédiée à Michael Gough, Pat Hingle et Jack Palance, qui ont quitté nos scènes pour les grands studios célestes.

 Matt Ban (c) Philippe Cardonna & Florence Torta
Parce que Sentaï School, c'est cool !

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