lundi 31 octobre 2011

L'Etrange Noël de Mr Jack

   On le connaît tous, on l'a déjà vu un certain nombre de fois compris entre un et l'infini (l'infini en ce qui me concerne), on a tous déjà vu des produits dérivés un peu partout, on l'aime, et il ressort toujours pour Halloween, mais on ne s'en lasse pas, et c'est tant mieux, parce que vous êtes sur le point d'en lire ENCORE une tartine sur le sujet ! Il s'agit de l'Etrange Noël de Mr Jack (Nightmare before Christmas dans la langue de Shakespeare).


   Boys and girls of every age...



   L'histoire, elle est bien simple. Dans Halloween Town, on prépare Halloween d'un bout à l'autre de l'année. Mais Jack Skellington commence à en avoir ras-le-bol, et il aimerait bien changer un peu les choses. Et justement, il va découvrir une nouvelle fête qui va changer sa vie...

   Bien qu'attribué au magnificent Tim "qu'est-ce que c'est, un peigne ?" Burton, il a été réalisé par Henry Selick, lequel commetra plus tard le tout aussi réussi Coraline, à l'aide de marionnettes et tout le tralala. De Timmy viennent l'idée de base et un long poème racontant toute l'histoire, disponible sur l'édition spéciale du DVD et lu par Vincent Price.

   Etant donné qu'il s'agit d'un film d'animation, comme tout le monde s'en doute, lister les acteurs est un brin difficile. Alors présentons joyeusement...

Suivez-moi, voici l'entrée secrète...

   Les personnages :

- Jack Skellington : le Mr Jack du titre français, et comme son nom l'indique, il s'agit d'un squelette en queue-de-pie. Jack est le roi d'Halloween, son esprit, the Pumpkin King,  l'élément indispensable de la fête. Mais à force de fêter Halloween à longueur de temps, le roi commence à trouver sa couronne beaucoup trop lourde, et il aimerait bien changer un peu les choses. Et voilà qu'il tombe sur une porte...

Faut-il encore présenter le roi d'Halloween ?

- Zéro : le chien fantôme de Jack, qui suit son maître partout, adore aller rechercher les côtes qu'il lui lance, et a en guise de nez une petite citrouille qui brille.

- Sally : une poupée de chiffons fabriquée par le Dr Finklestein. Elle a un GROS faible pour Jack et elle voudrait bien l'aider, mais Jack ne s'en rend absolument pas compte, et elle en est réduite à soupirer dans les cimetières. Une version mignonne et affectueuse de la créature de Frankenstein, quoi (on s'en doutait pas).

Je n'suis qu'une poupée de cire, une poupée de son...

- Dr Finklestein : difficile de dire de quoi il s'agit. Une sorte de canard humanoïde avec des lunettes noires, dans un fauteuil roulant. C'est le savant fou du coin, et son hobby inclue fabriquer des créatures comme Sally. Il considère d'ailleurs celle-ci comme sa chose, et voit d'un bien mauvais oeil ses tentatives pour se rapprocher de Jack.

- Oogie Boogie : est-ce un monstre d'Halloween ? Un monstre tout court ? Peut-être bien un fantôme. En tous cas, il s'agit d'un sac en toile de jute avec une bouche et des trous pour les yeux, qui possède une cachette sous une sorte de maison mal foutue et une passion non dissimulée pour les jeux de "hasard" et les casinos.

- le maire : personnage conique avec deux visages (un souriant et un terrifié) qui alternent, le maire est censé s'occuper d'Halloween Town, mais il ne peut visiblement rien faire sans l'aide de Jack.

- Am, Stram et Gram : trois gamins déguisés en sorcière, en diable et en squelette, qui sont plus ou moins au service d'Oogie Boogie et ne ratent pas une occasion de faire le Mal.

- le Père Noël : pauvre papa Noël qui n'avait rien demandé à personne, voilà qu'il se retrouve bien embêté avec Halloween qui veut prendre le contrôle de sa fête...

Jack en fait des caisses dans un cimetière

   Et maintenant, le résumé :

   Dans la ville d'Halloween Town, tout le monde fête Halloween. Sorcières, vampires, fantômes, monstres aquatiques et autres zombies et loups-garous sont de sortie, bien déterminés à terroriser tout le monde et à faire leur job ("that's our job but we're not mean in our town of Halloween"). La fête culmine avec l'apparition de Jack Skellington dans un numéro pyrotechnique impressionnant. Tout le monde le félicite, tout le monde est content, tout le monde trouve la fête réussie. Mais Jack ne partage pas la joie ambiante, et pour cause. Dès qu'il s'est réfugié dans son cimetière favori, il entreprend de se lamenter sur le fait qu'il est visiblement condamné à penser Halloween, respirer Halloween et vivre Halloween. Sally, qui s'est cachée dans le même cimetière, voudrait bien l'aider, mais hélas, comment ? Elle n'ose pas se montrer, et Jack part continuer ses lamentations dans la forêt.

Une forêt engageante.

   Arrive le lendemain matin. Sally est retournée chez le Dr Finklestein pour se faire rafistoler, Jack n'est pas revenu, et le maire débarque chez le squelette pour voir avec lui les plans du prochain Halloween. Après tout, il ne reste que trois cent soixante-quatre jours avant la date limite ! Mais de Jack, point de trace, et le maire est complètement paniqué (ce qui lui vaut de déclarer que "je ne suis qu'un élu ! Je ne prends pas de décisions par moi-même !"). Aussitôt, tous les habitants de la ville se lancent à la recherche de leur grande star.

   De son côté, Jack, qui ne se rend pas compte qu'il est en train d'affoler le maire, arrive dans un endroit qu'il n'a jamais vu. Un cercle d'arbes avec de drôles de portes. En dépit de toutes les lois de la prudence et du film d'horreur (mais ils n'en ont peut-être pas à Halloween Town), il ouvre la porte la plus voyante, un sapin décoré, et ni une ni deux, il se retrouve aspiré à l'intérieur de l'arbre. Il tombe, tombe, tombe... et se retrouve devant une ville qu'il n'a jamais vu. De la neige, des lumières, des lutins, des cadeaux, tout ce qu'on trouve à Noël et pas à Halloween. Vous l'aurez deviné, il se retrouve à Christmas Town, et bien sûr, ça l'enchante au-delà de toute limite. 

Que vois-je ? Que vois-je ? Des flocons blancs dans l'air !

   A Halloween Town, c'est le désespoir. Sans Jack, pas de Halloween. Sans Halloween, pas de Halloween Town. Heureusement, le Pumpkin King se ramène, au volant d'une espèce de motoneige chargée de toutes sortes de choses, et il convoque toute la ville. Sally s'empresse de se sauver pour y assister. Jack présente la ville de Noël à tous les habitants de la ville, qui, étant donné que ça n'est pas vraiment dans leurs habitudes, prennent ça pour une nouvelle occasion de faire peur aux gens. Du coup, Jack décide de se mettre au boulot lui-même. Avec des instruments empruntés au Dr Finklestein, le voilà plongé dans l'étude acharnée de Noël. Sally, de nouveau fraîchement échappée, tente de manifester son soutien, mais elle a un mauvais pressentiment : Noël va-t-il réussir ou échouer ?

   Après de longues heures de réflexion, d'études et d'expériences, Jack en arrive à une seule et unique conclusion : il faut organiser Noël. Tout Halloween Town s'y met : fabrication de jouets horribles, de décorations sinistres et de costumes effrayants, tout y passe, tout le monde met du coeur à l'ouvrage, ce qui culmine avec le kidnapping par les trois terreurs du Père Noël lui-même. Et bien sûr, comme un malheur n'arrive jamais seul, le Père Noël (obstinément baptisé Perce-Oreilles par Jack) se retrouve entre les pattes maléfiques de l'horrible Oogie Boogie, qui est bien content d'avoir une nouvelle victime. Fondu au noir.

I'm the Boogeyman...

   Arrive la fameuse soirée de Noël, tout est prêt pour partir. Jack est en costume, les rennes version Halloween sont attelés, les cadeaux cauchemardesques sont emballés. Dans un essai désespéré pour sauver la situation, Sally provoque un brouillard de tous les diables, mais rien n'arrête le squelette motivé, qui grâce à Zéro, s'envole dans les airs, au grand dam de la poupée qui se demande ce qu'il adviendra de tout ça. Jack va-t-il réussir sa fête de Noël ? Que va-t-il se passer ? Y aura-t-il un Happy end ? Oogie Boogie a-t-il mangé le Père Noël ? (indice : il y a "Nightmare" dans le titre)

   L'analyse en détails :

   Image : s'agissant d'un film d'animation, il convient de se pencher sur ce point plus que sur les cadrages. Henri Selick et Tim Burton ont choisi des poupées et sujets animés en stop-motion (on bouge, on prend une image, on bouge...), ce qui a d'ailleurs entraîné un tournage de plus de trois ans. Le résultat est absolument réussi, les rares mouvements saccadés pouvant aisément passer pour une particularité des personnages. Dans l'ensemble, l'animation est très naturelle et agréable à l'oeil, et je dois avouer une affection particulière pour la manière dont Jack est mis en mouvement.
   Quant aux couleurs, elles méritent une petite mention, pour la "Burton's touch" qu'on retrouvera plus tard dans les Noces Funèbres, Batman et Sleepy Hollow. Halloween Town est entièrement constituée de noir, de gris, de blanc, d'orange et d'un peu de vert, alors que Christmas Town est beaucoup plus lumineux et riche en couleurs. Un contraste qui permet de souligner les différences existant entre les deux mondes.
   Question amusante : quelle est le plan qui a demandé le plus d'efforts ? Réponse à la fin.

Le maître et ses créatures.

   Musique : composée par Danny Elfman, le complice de longue date de Burton, et responsable d'une liste longue comme le bras de musiques de films et de séries (outre les films de Burton, elle inclut Les Simpsons, Will Hunting, Numéro 9, Spider-Man, Hellboy, Hulk (2003), Spy Kids, ...), elle inclue un certain nombre de chansons écrites avec son brio habituel, aux paroles et aux mélodies qui vous restent dans l'oreille, et qui portent sa patte habituelle : rythmes entraînants ou mélodies mélancoliques, violons et glockenspiel, pas moyen de s'y tromper. Elle souligne parfaitement les péripéties et correspond aux personnages pour leurs chansons-thèmes. Une pièce importante dans l'histoire de la bande originale.
   A noter que si Jack a son acteur pour les scènes parlées, Danny Elfman lui a prêté sa voix pour les chansons.

   Interprétation : voici un sujet délicat. Après tout, tout ce qui transparaît dans ce genre de films, ce sont les voix, et pas de VO, pas de voix originales. Je me contenterai donc de dire (étant donné que j'ai fait l'IMMENSE sacrifice de regarder le film en VO et en VF) que les voix sont parfaitement appropriées, avec une préférence pour celle d'Oogie Boogie. Ou comment en faire des caisses quand on est un sac de toile.

Je ne résiste pas à l'envie de montrer les magnifiques décors ! Hmmmm, on dirait du sucre...

   Réponse au petit jeu : le plan le plus difficile à faire était celui-ci (à cause des reflets).


   Le point-critique :

   L'Etrange Noël de Mr Jack est un film d'animation tout à fait unique (ou presque) aux personnages attachants et fantasques, qui défie un brin les codes de l'histoire de Noël traditionnelle telle qu'il en existe des tonnes aux Etats-Unis. En effet, tous les ans, les chaînes outre-Atlantique se voient peuplées d'une myriade de films, tous sur le même canevas : Noël est en danger pour une raison X ou Y, et c'est à celui / celle qui normalement est mis de côté et moqué par tout le monde de sauver la situation, afin de se retrouver à la fin accepté par ses pairs. La plus connue étant sans doute celle de Rudolph, le reine au nez rouge qui conduit le traîneau du père Noël. 

La version Halloween de Rudolph ?

   Dans l'Etrange Noël de Mr Jack, point de tout cela ! L'histoire nous présente un anti-héros (un squelette, première créature effrayante), qui est responsable de la mise en danger de Noël avec ses potes (d'autres monstres) pour une bête raison de vouloir s'approprier sa fête. Présenté telle quelle, on comprendrait presque que la compagnie Disney ait préféré rester prudente, et sortir ce film sous son label Touchstone, réservé aux films beaucoup plus sombres, plutôt que le Disney classique. Et pourtant, malgré le kidnapping du père Noël, la présence d'Halloween et tout le reste, on ne peut pas vraiment dire qu'on soit dans une histoire d'horreur. Bien sûr, squelettes, fantômes, vampires et poupées de son abondent, mais présentés comme faisant simplement leur travail de monstres, et à vrai dire, sous un angle bien sympathique. A tel point que lors de la ressortie du film 10 ans plus tard, Disney l'a rappatrié sous la bannière Disney classique.

   Le choix d'utiliser une animation en stop-motion est également un point à souligner. En 1993, les effets spéciaux par ordinateur étaient déjà plus qu'utilisés, par exemple dans Jurassic Park, sorti la même année. A noter que l'Etrange Noël a d'ailleurs été battu par les dinosaures en images de synthèse pour l'oscar des meilleurs effets visuels. D'un autre côté, les dessins animés tels que ceux produits par Disney restent apparemment une valeur sûre. Il existe bien sûr beaucoup d'autres courts, moyens et longs métrages utilisant cette technique, citons pour mémoire le premier King Kong, Wallace et Gromit et la série South Park, parce que ce sont les premiers qui me viennent. Alors pourquoi ce choix ? Rappelons que le stop-motion est extrêmement chronophage et peut partir en cacahuète à la moindre occasion. IMDB classe le stop-motion comme une marque de fabrique de Henry Selick, tandis que le premier court-métrage de Burton (Vincent) était déjà réalisé de cette manière. Je pense qu'on ne peut qu'approuver ce choix. Comme souligné plus tôt, l'allure du mouvement des personnages donne ce petit côté décalé qui vient renforcer le côté fantastique du film.

Henry Selick (à gauche) et Tim Burton (à droite) et leurs jouets.

   Il existe une seconde version du film, qui a été traitée en 3D et est ressortie sur grand écran, mais je ne l'ai pas vue, et je ne sais pas trop si la 3D peut apporter quelque chose. Jack Skellington a par la suite fait une apparition en jeu vidéo avec tous ses potes dans La revanche de Oogie Boogie, ainsi que dans les Kingdom Hearts 1 et 2. Avant ça, on a déjà pu le voir dans Vincent, sur le chapeau de Beetlejuice, et en pirate dans James et la grosse pêche. Il est partout, ce Jack ! De son côté, Tim Burton s'est opposé à ce qu'une suite, en stop-motion, en CGI ou en théâtre d'ombres soit réalisée. Un mouvement bien sage quand on connaît la qualité de beaucoup de suites...

   Pour résumer : une histoire qui satisfait petits et grands (ce qui n'est pas le cas de tous les films d'animation, souvent orientés "jeunesse" et qui saoûlent très vite toute personne ayant dépassé l'âge de l'émerveillement juvénile), avec un anti-héros qui met Noël en grand danger bien malgré lui, qui retourne toutes les attentes quant au quota terrifiant pour nous livrer un film à la fois drôle et émouvant, d'une certaine poésie, avec une musique d'enfer et un regain d'affection pour Halloween (pour ceux qui en avaient besoin). Maintenant, il n'y a plus qu'à foncer dans le magasin gothique le plus proche et faire le plein de produits dérivés  !

   Ai-je mentionné qu'il s'agissait de mon film d'animation préféré ? Non ?

   Note : 19/20

   Maintenant c'est fait !

Niéhéhéhéhéhé... Encore une chronique de bouclée....

Bonus musicaux !!


1 commentaire:

la petite bouffeuse d'aiguilles a dit…

HONTE A TOI ! Tu dis l'avoir vu un nombre de fois qui frôle l'infini mais tu es passé sur UN détail !
.... Okey je suis maniaque. Jack n'est pas un squelette mais un épouvantail, certes, à l'apparence de squelette..
Bon voila ! Je suis sur que tu le savais mais c'est histoire de le souligner !