mardi 11 octobre 2011

Idiocracy

   Aujourd'hui, à la demande générale d'une personne et pour changer un peu, voici une comédie ! Aujourd'hui, Wilwy  décortique pour vous : Idiocracy.


   Réalisé par Mike Judge, qui est apparu dans la série de films Spy Kids en tant que Donnagon, et a écrit, réalisé et fait des voix dans des dessins animés de Beavis et Butthead, ce film est sorti en 2006, et s'est taillé un franc succès, bien qu'il ne soit pas extrêmement connu. Un petit coup de synopsis : Idiocracy raconte l'histoire de deux personnes, qui se retrouvent dans le futur, où tous les gens sont devenus cons, et font de leur mieux pour s'en sortir.

   Les gens impliqués là-dedans :

- Luke Wilson (vu dans beaucoup de choses comme Ma super ex, Le tour du monde en 80 jours, Charlie et ses drôles de dames (le film), ...) joue le soldat Joe Bauer. Il est moyen, dans tous les domaines, tellement moyen qu'il en est le soldat type, et le cobaye idéal, il semblerait. Il s'obstine à rester en arrière, et à surtout ne pas faire de vagues, quitte à se défiler. Mais se retrouver dans le futur va suffire à lui botter les fesses et le décider à prendre les choses en main.

Cet homme est normal. C'est bien le seul, dans ce film. 

- Maya Rudolph (Bridemaids / Mes meilleures amies, Bienvenue à Gattaca, et quelques films donc je ne connais pas un mot) est Rita, une prostituée, qui pour quelques avantages pour elle et son proxénète Uppgrayedd, va se retrouver bien malgré elle mise en équipe avec Joe et dans une galère bien pire que ce qu'elle attendait. Ya des jours, on ferait bien de rester chez soi.

- Dax Shepard (l'astronaute dans Zathura, L'Employé du mois, Bienvenue en prison) interprète Frito, l'un des premiers habitants du futur que rencontre Joe, et une pointure dans l'abrutisme. Il aime trois choses : l'argent, les émissions violentes et les femmes. Contre de l'argent, il accepte d'aider Joe à s'en sortir, mais ça n'est pas gagné...

- Terry Crews (Bridemaids, The Expendables, Capitaine Jericho dans Terminator 4, l'agent 91 dans Max la Menace) est le présigent Dwayne Elizondo Mountain Dew Herbert Camacho, le président des Etats-Unis dans le futur, cinq fois vainqueur du tournoi "grosse patate dans ta gueule". Je vous rassure, il ne relève pas le niveau. Mais il a un gros flingue, ça compense.

   Il y a peu de personnages qui ont vraiment une importance et sont présents plus que quelques scènes ou pour autre chose que le fun, mais on notera encore Justin "Matthew Farrell dans Die Hard 4" Long en tant que médecin et Thomas Haden Church (l'homme-sable de Spiderman 3 et Lyle-le-méchant dans George de la Jungle). Les autres, je vous laisse les reconnaître !

Que fais-je donc dans cette galère ?

   Le scénario :

   Le film s'ouvre sur une analyse darwinesque de la lutte des populations : maintenant que l'humain n'a plus de prédateurs tels que l'ours, le loup ou la fauvette fourbe (les monstres géants comme Godzilla sont des occasions ponctuelles), ce ne sont plus les plus forts, les plus intelligents et les plus rapides qui survivent, mais ceux qui se reproduisent le plus. Malheureusement, il s'agit des masses les moins cultivées et les moins informées, ce qui résulte en une baisse de la culture générale globale, du quotient intellectuel et une augmentation de la stupidité tous azimuts.

   Pendant ce temps, l'armée décide de conduire une expérience. Puisque leurs soldats hors conflit se contentent de gaspiller leur temps, ils souhaitent les congeler pour pouvoir les utiliser quand il le faut. Et comme faire une expérience nécessite des cobayes, ce sont Joe et Rita qui s'y collent. Parce que bon, hein, c'est courant de corrompre des proxénètes (surtout nommé Uppgrayedd) et d'utiliser des soldats pour la Science. Notez bien ce que je viens de dire, soulignez deux fois. Logiquement, Rita et Joe doivent être dégelés un an jour pour jour après le début de l'expérience. Malheureusement, l'implication de l'armée dans un scandale de la prostitution provoque la mise aux arrêts de tous les officiels, et la destruction de la base, et nos deux surgelés restent donc dans leur boîte.

   Et c'est là que les choses tournent au vinaigre. Pendant cinq cents ans, le niveau mondial diminue, et le monde se peuple d'andouilles pas capables de résoudre des problèmes simples. C'est lors d'une avalanche de déchets en 2505 que le frigo de Joe va se retrouver chez Frito et s'ouvrir. Bien sûr, Frito le met dehors parce qu'il a interrompu "Oh mes burnes", le show à la mode. Joe erre de lieu en lieu, à la recherche d'aide, mais il ne rencontre qu'incompréhension, crétinisme intense, mépris de toute culture et des "intellos" et blagues lourdingues. Même à l'hôpital, les docteurs sont crétins. Et comme il ne peut pas payer la note, il se retrouve en prison. 

Bah le futur, c'est pas ben brillant...

   Vivre dans un monde d'idiots a ses avantages (outre se sentir supérieur et avoir de quoi remplir des années de blogs de captures facebook). Grâce à un plan de génie, Joe s'évade, tandis que Rita, sortie de sa boîte, trouve un moyen facile de gagner des sous. Contre la promesse d'un compte en banque rebondi, Frito accepte de les conduire à une Machine à Remonter le Temps ©. Les voilà donc en route, mais hélas, triple hélas, la police a l'air plus efficace dans un monde d'idiots, et Joe est recapturé.

   Au lieu de retourner en prison, cependant, Joe est amené devant le président Camacho, parce que, alors qu'il était dans la moyenne en 2005, il est maintenant l'homme le plus fûté de la Terre (ou en tous cas des Etats-Unis). Et en tant qu'homme le plus fûté de la Terre, il doit résoudre les problèmes que les autres ne peuvent pas. Comme le fait que les plantes ne poussent pas parce qu'elles ne sont pas particulièrement fans de soda. De son côté, Joe veut juste se faire la malle et prendre la Machine à Remonter le Temps © pour retourner en 2005. Rita est un peu moins pressée à cause d'Uppgrayedd, mais le futur, c'est vraiment pas cool. Ils vont donc tenter d'arranger les choses, malgré l'idiotie ambiante. Hélas, les choses ne vont pas particulièrement bien se passer... Quant à savoir comment ils vont tenter de sauver le monde et s'ils vont réussir à rentrer chez eux, je vous en laisse la surprise.

L'avenir du monde libre.
   Les petits détails :

   Image : au niveau cadrage et compagnie, c'est bien, rien à redire. Ce qui démarque ce film, c'est la qualité des décors, des détails à l'arrière-plan, et du soin dévolu à faire ressembler le pays à un tas d'ordures. Au moins deux visionnages seront nécessaires pour noter tous les petits détails marrants qu'on ne voit pas tout de suite.

   Musique : par Theodore Shapiro, qui a aussi fait entre autres, la musique de Tonnerre sous les Tropiques, Le Diable s'habille en Prada, Starsky et Hutch, et un certain nombre d'autres trucs. Elle est sympathique et colle bien à l'histoire, sans plus.

   Interprétation : je ne sais pas s'il y avait d'autres acteurs de prévu et donc si on aurait pu avoir mieux, mais les acteurs choisis jouent tous les crétins de manière très convaincante. Mention spéciale à Dax Shephard qui est plus stupide que la stupidité, et son doubleur qui en rajoute encore une caisse.

Ga.
Gnéhéhéhéhéhé !

   La critique :

   Laissons de côté le fun un instant, et faisons une belle critique avec un glaçage de jugement social par-dessus.

   En lui-même, Idiocracy est une bonne comédie, très drôle, bien fouillée, qui rend les blagues lourdes étonnament supportables même pour quelqu'un qui n'aime que l'humour fin et léger. Cette comédie mêle ces blagues subtiles à une critique sociale, sur la prédominance de personnes très peu cultivées, et le devenir de la civilisation face à une diminution de la culture et de l'éducation. De bons points sont faits, de manière simple et qui fait mouche, et qui donne à réfléchir.

   Idiocracy a depuis quelque temps eu une montée de popularité en flèche. Sur des sites tendant à montrer l'apparente illitération de certaines personnes ou catégories de personnes (des captures de facebook stupides, quoi), ce film est couramment cité, généralement dans une phrase "regardez Idiocracy, c'est ce que ça donnera si tout le monde devient comme ça / si on les laisse avoir des enfants / si on les laisse en contaminer d'autres". (NB : la stupidité n'est pas contagieuse, d'après la Science.) Ce qui amène directement à la seconde catégorie de personnes. En effet, une autre frange de population répond généralement à la première qu'Idiocracy est un film de nazis (insérez ici un point Godwin), et prétend qu'il pousserait à l'eugénisme et enjoint d'empêcher de se reproduire par tous les moyens possibles les personnes n'ayant pas un QI estimé suffisant, et que donc, tous ceux qui aiment Idiocracy sont des nazis.

   Etant donné que je préfère toujours prendre la voie du milieu, je dirais qu'Idiocracy n'est pas une simple comédie marrante, qu'elle pousse quand même un brin à réfléchir, mais de là à mettre des gens dans des camps, il y a une limite. Je pense personnellement moi-même que ce film est une sorte de sonnette d'alarme. Il ne décrit pas fidèlement, mais il montre une sorte d'aperçu, de ce que la société pourrait devenir dans son ensemble si on continue de faire sombrer le système éducatif dans le marasme le plus complet en le transformant en une sorte de machine à faire des tourtes, en choisissant la facilité et le fast-food du film et de la littérature au lieu de tenter de se cultiver et de découvrir de nouvelles choses pour se développer l'esprit. Il s'agit donc d'après moi un film qui donne à réfléchir plutôt qu'à promouvoir l'élimination d'une partie de la population.

   Je recommande donc Idiocracy aux gens qui cherchent des films engagés, qui aiment l'humour gras et lourd, les blagues aux dépends d'andouilles, ou juste pour un bon coup de rigolade !

   Note : 16,5/20

Le président Camacho approuve cette chronique. Et il a un gros flingue, lui.

   PS : il a été très difficile d'écrire sur ce film, surtout parce que l'utilisation des mots comme "neuneu", "abruti" et autres peut être mal interprété, et qu'il est très facile de passer pour une greluche supérieure qui se croit plus intelligente que la masse. J'ai fait de mon mieux, mais si j'ai offensé quelqu'un, je m'en excuse d'avance.

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